Avant propos

Les nombreuses rencontres avec les saisonniers belges de la région de Lichtervelde ainsi que la lecture du livre de MM. Cadet et Defebvre m’ont fortement marquée. J’ai alors réellement pris conscience de l’extrême difficulté de leurs conditions de vie tant professionnelle que personnelle.

Des racines et des hommes, La chicorée et l’espace agricole de la Communauté de Communes de la Région d’Audruicq de 1885 à nos jours, Philippe CADET et Christian DEFEBVRE, Editions Citoyenneté en actes, octobre 2010.

À bien y réfléchir, certes les sécheurs avaient une tâche très pénible, mais les femmes aussi souffraient pendant la durée de leur absence. À ces hommes si durs à l’ouvrage, il fallait des épouses solides au caractère bien trempé : accoucher seules, élever les enfants, gérer les affaires courantes en attendant pendant des mois le paiement du premier salaire, prendre des initiatives… Qui s’était soucié de leur vie sans leur conjoint ? Comment assumaient-elles seules leurs charges familiales ? Personne, hormis l’abbé De Jaeger, ne semblait avoir pris en compte la difficulté de leur situation. Épouses responsables et laborieuses, leur existence était occultée au profit de celle de leurs maris. L’éloignement et la pénibilité du travail mettaient leurs hommes en exergue aux yeux de tous… y compris aux leurs !

J’ai souhaité rendre hommage à ces femmes de l’ombre non moins vaillantes que leurs compagnons. J’ai écrit ce roman d’une grande authenticité, fidèlement basé sur tous les témoignages recueillis auprès de ces femmes et de leurs enfants. Des gravures illustrent ce livre, je les ai réalisées spécialement à cet effet.

La municipalité de Lichtervelde, bien consciente de cette réalité, a installé, juste devant la mairie, une sculpture intitulée De band (Le lien). Elle représente un couple parfaitement décrit par la bourgmestre Ria Beeusaert-Pattyn, dans la préface de mon livre. En bronze, elle, l’épouse solide gère la vie familiale, lui, transparent, le saisonnier toujours absent, travaille en France une grande partie de l’année. Le lien, son pendant inversé, une sculpture que j’ai créée a été inaugurée devant la sécherie de Vieille-Eglise, le 19 octobre 2019.

Marie-Claude PETTE-DEBRIL (06.72.38.59.69)

L’irrésistible odeur de la chicorée, roman par Marie-Claude PETTE-DEBRIL, éd. du Camp du drap d’Or, Balinghem, décembre 2016.